vendredi 21 mars 2014

Lettre ouverte à Madame la Ministre chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion



Madame la Ministre,

Je m’appelle Nouchette. Je suis une jeune fille de bientôt 19 ans, handicapée mentale à plus de 80%. Pour l’instant, je suis dans un IME en semi-externat. Je rentre chez moi tous les soirs.
Tous ces renseignements figurent déjà dans des billets du blog, mais comme je pense que vous êtes très occupée, je vous ai fait un petit résumé rapide.

Alors voilà… Si je me décide à vous écrire aujourd’hui (même si je n’ai pas tellement l’espoir que vous lisiez ma lettre vu que ma maman vous en a déjà écrit une et que vous n’avez pas donné suite…), c’est que ma Maman a l’air un peu désespérée.

Pour mes 20 ans, il va falloir que je change d’établissement. C’est pas que j’en sois très réjouie, mais j’ai pas tellement le choix.

Pour mon établissement futur, ma Maman avait d’abord pensé à une MAS. Mais mes éducateurs ont réussi à la convaincre que je serais certainement mieux en CAJ (ou ADJ).

Alors Maman en a visité plusieurs (4 jusqu’à présent). Elle a aussi visité une MAS, un FAM et un foyer d’hébergement.
Et à la suite de ces visites, elle est un peu déprimée…

Je vais essayer de vous expliquer pourquoi :

-       Les CAJ ne sont pas tout à fait bien adaptés pour moi. En gros, je risque d’avoir un peu de mal à suivre le groupe (ça Maman n’en est pas sûre, mais quand elle visite, c’est l’impression qui ressort). 
Le problème, c’est qu’en MAS ou en FAM, ils sont encore plus dépendants que moi et je risque de m’ennuyer…

-       Si je reste dans un centre en semi-externat, les horaires sont les suivants : 9h à 16h. Vous terminez votre travail à quelle heure Madame la Ministre ? 16h ? Bah non… On n’est pas tellement dans des horaires de travail là… Et le problème, c’est que, quand je rentre chez moi, il faut quelqu’un à la maison… 
Vous allez me dire : « Tu as une allocation Nouchette ! Utilise là pour prendre quelqu’un qui sera chez toi quand tu rentreras en attendant que tes parents arrivent ! » Moui… Ceci nous amène directement au point suivant.

-       J’ai une petite sœur, Blondie qui a 15 ans. Elle rentre en seconde au mois de Septembre. Blondie en a un peu marre d’avoir des baby-sitters à la maison. Même si elle sait qu’elles ne sont pas là pour elle mais pour moi, elle trouve pénible d’avoir quelqu’un sur son dos dans sa maison.

-       Les CAJ sont ouverts en moyenne 220 jours par an. A raison de 5 jours par semaine, on arrive à 44 semaines. Soit 8 semaines de fermeture. 
Vous prenez 8 semaines de vacances Madame la Ministre ? Bah non… Normalement, c’est 5 semaines. Il en reste donc 3. Je fais quoi pendant ces 3 semaines ?

-       Le transport n’est plus pris en charge par les établissements maintenant. Dans la ville où j’habite, ils ont mis en place un système de taxi pour personnes à mobilité réduite. Mais ce système ne fonctionne que pour les centres qui sont dans l’agglomération. Ceux qui sont plus loin n’en bénéficient pas. 
Du coup, si je suis dans un centre comme ça, mes parents devront se débrouiller pour m’emmener et revenir me chercher le soir (du coup ils devront quitter leur travail encore plus tôt…)

-      Dans les CAJ, il n’y a pas de prise en charge d’orthophonie, de psychomotricité ou de kinésithérapie. Si mes séances doivent continuer, je devrai les faire dans une autre structure.

-      Les foyers d’hébergement attenants aux CAJ (les rares fois où il y en a…) sont pour des personnes qui ont l’air un peu plus autonomes que moi. Je ne sais pas m’habiller seule, ni me laver. Je ne sais pas non plus mettre mes couches pour la nuit seule. Du coup, je ne sais pas non plus les enlever. 
En faisant rapide, il faut minimum 15 minutes pour me doucher et me coucher le soir. 30 résidents, 2 personnes : il faut 4 heures pour gérer tout le monde… Le dernier sera couché à minuit…

-      Dans les foyers d’hébergement, on ne peut pas sortir tous les week-ends. On a le droit en moyenne de sortir 60 jours. Ça fait environ deux semaines l’été, une semaine à Noël et à peine un week-end sur deux. C’est peu… Mes parents veulent bien souffler de temps en temps mais ils veulent me voir aussi. Et c’est la même chose pour les MAS et les FAM.

-      J’ai gardé le meilleur pour la fin. Tous ces centres sont complets. Mais non seulement ils sont complets, mais en plus, il y a des listes d’attente qui n’en finissent pas… 
Savez-vous pourquoi ? Je sais que oui… 
Parce qu’il n’y a pas assez de centre pour nous. Ma Maman sait qu’il y a peu de risques que je sois obligée de rester à la maison après mes 20 ans. Mais elle sait aussi qu’il y a un grand risque que les seules places que l’on me trouve soient dans des centres qui ne lui plaisent pas…

Donc… Si je récapitule, soit je reste en externat, et c’est la galère le matin et le soir pour le transport et pour me garder après le centre. Et je suis chez moi tous les jours, tous les week-ends et 8 semaines par an.
Soit je suis en foyer d’hébergement et mes parents n’ont plus le droit de m’avoir à la maison comme ils le veulent.
Peste vs choléra…

Je sais que ça doit être bien compliqué à gérer tout ça. Que moi, pauvre petite handicapée mentale, je ne peux pas comprendre toutes les contraintes qui existent derrière la création et la gestion de ces centres…
Mais Madame la Ministre, derrière ces centres, il y a nous. Les résidents.
Et derrière nous, il y a nos parents, nos familles, nos amis aussi. Qui souffrent…
Ils souffrent parce que c’est déjà bien difficile de devoir nous assumer et qu’en plus, on ne leur facilite pas tellement la tâche.
Je ne dis pas que vous ne vous en rendez pas compte. Je pense que vous faites votre maximum pour nous.
Mais il y a une grande différence entre gérer les besoins des personnes handicapées, et vivre avec une personne handicapée.

Dans le meilleur des mondes, ma Maman, elle dit qu’il faudrait un centre de jour, avec des horaires un peu élargis. Par exemple de 8h30 à 18h.
Dans ce centre, je pourrais y dormir un ou deux soirs par semaine (fixes et de temps en temps en plus s’il reste de la place).
Ce centre pourrait également m’accueillir de temps en temps le week-end (vous n’imaginez même pas combien Papa et Maman sont contents quand ils peuvent souffler un week-end et faire des choses différentes avec ma petite sœur).
Je pourrais également y passer une ou deux semaines de vacances par an.
Les éducateurs seraient en nombre suffisant et tous formés pour nous. Il y aurait en plus la possibilité d’avoir toutes les séances de rééducation nécessaires.

Elle sait que c’est beaucoup demander. Mais elle ne comprend pas pourquoi ce n’est pas possible. Vous pourriez peut-être lui expliquer ? 
Mais il faudra lui expliquer en face. 
Et supporter sa réaction.

En attendant, elle est persuadée que ces centres pourraient exister. Et que dans un ou deux ans, quand je devrai quitter le mien, il y en aura un d’ouvert pas très loin de chez moi et qu’une place m’y attendra.


Ou pas…

jeudi 20 mars 2014

J'attendrai...

Moui...
Encore une visite...
J'ai commencé, comme d'habitude, par râler. Puis ensuite j'ai tenté tant bien que mal de monopoliser la conversation. 
Sauf que j'étais pas toute seule à visiter. On était 4 filles de l'IME. Et les parents. On était 11 en tout.
Forcément, mon discours n'est pas toujours adapté à la situation. 
Pas grave. Je parle quand même. 
De tout. De rien. Mais surtout de rien en fait... Ou de choses qui n'ont pas grand-chose à voir avec l'instant présent. 
Le CAJ qu'on a visité aujourd'hui est plutôt pas mal. Pas très grand : 15 personnes accueillies. Mais une ambiance qui avait l'air assez sympa et des locaux accueillants. 
À côté, y a un ESAT. 
Les mamans qui visitaient avec nous ont demandé si on pouvait intégrer l'ESAT en étant au CAJ. 
Pas la mienne. La mienne elle sait qu'avec la meilleure volonté du monde, l'ESAT c'est pas tellement pour moi...
Y a aussi un foyer dans la structure. Mais un foyer qui accueille les travailleurs de l'ESAT et quelques résidents du CAJ très autonomes. 
Donc pas pour moi non plus. 

Maman est pas contre m'inscrire dans ce CAJ là. Par rapport au dernier visité, il est plutôt bien.
On n'est pas dans le centre idéal de BisounoursLand où on pourrait dormir juste un ou deux soirs par semaine et où les horaires seraient des horaires normaux mais vu que ça existe pas chez nous, on va s'arranger avec ça au début. 
Le problème, c'est qu'entre "inscrire" et "entrer" y a une grosse différence. Et quelques années. 
Bah oui... Ils sont 15. 
Et sur la liste d'attente ils sont déjà 5. Sachant que les 3 filles qui visitaient avec moi sont plus âgées ; elles passeraient forcément devant moi. 
De toutes façons, c'est pas bien compliqué... Y a pas 50 CAJ sympas dans la région. 
Donc tous les parents veulent inscrire leur enfant dans les mêmes... Sauf que les places dans ces centres, elles se libèrent pas facilement vu que ce sont des centres d'adultes. 
Elles se libèrent quand les parents déménagent, que les adultes changent d'orientation ou bien qu'ils meurent. 
Voilà.
Donc pour espérer avoir une place dans un centre, faut espérer une grave épidémie de mourite aiguë.   
Ouais je sais... C'est pas bien de souhaiter du mal aux autres... Mais bon !
Vous voulez que je trouve une place ?

Je pourrais engager un tueur professionnel pour faire du vide. 
Ou récupérer des souches d'Anthrax et les glisser discrètement dans la bouffe. 
Ou faire circuler des fausses rumeurs sur ces centres... 

Ou... Espérer qu'une place se libère et rester tranquille chez Papa et Maman en attendant...

Ou pas... 

vendredi 14 mars 2014

Une chanson douce...

Maman a découvert une chanson y a quelque temps. C'est pas un truc nouveau mais elle ne connaissait pas. C'est une amie à elle qui lui en avait parlé. 

Une amie qui a une petite Nouchette aussi. Pas tout à fait comme moi mais pas tout à fait comme les autres non plus...

La chanson au début elle dit ça :

Ceux que l'on met au monde ne nous appartiennent pas
c'est ce que l'on nous montre et c'est ce que l'on croit
ils ont une vie à vivre
on n'peut pas dessiner les chemins qu'ils vont suivre
ils devront décider
c'est une belle histoire que cette indépendance
une fois passés les boires et la petite enfance
qu'il ne faille rien nouer qu'on ne puisse pas défaire
que des noeuds pas serré,s des boucles, si l'on préfère
ceux que l'on aide à naître ne nous appartiennent pas
ils sont ce qu'ils veulent être qu'on en soit fière ou pas
c'est ce que l'on nous dit c'est ce qui est écrit
la bonne philosophie la grande psychologie

Jusqu'ici, rien d'exceptionnel... On l'a assez dit et redit enfin ! 
On fait pas des enfants pour soi !!!
Bon. C’est pas tout ça mais je vous parle pas de cette chanson pour ça… C'est après que ça se corse.
Elle savait bien Maman que ça allait pas être BisounoursLand toute la chanson. Parce que son amie avait bien insisté pour qu'elle l'écoute toute seule.. Parce qu'elle savait bien ce que ça allait lui faire à Maman...

Alors voilà. Après, elle dit ça la chanson : 

et voila que tu nais
et que t'es pas normal 

Là on entre direct dans le vif du sujet...

t'es dodu, t'es parfait
le problème est mental

Oui ? Quelqu'un me parle ???

et voilà que c'est pas vrai
que tu vas faire ton chemin

Ben non c'est pas vrai... Tu vas pas faire ton chemin... Tu vas plutôt encombrer celui de tes parents !

car t'arrêteras jamais
de n'être qu'un gamin

Et ouais ! Un gamin de 3 ans toute ta vie...

tu fais tes premiers pas
on se laisse émouvoir
mais les pas que tu feras
ne te mèneront nulle part

Déjà quand tu marches, c'est pas mal... Moi j'ai des copains, ils cumulent !

qui es-tu si t'es pas
un adulte en devenir

Bah t'es pas grand-chose en fait... T'encombres un peu pour tout dire... Parce que tu rentres pas bien dans les cases. Et en France, quand t'es pas dans les cases, ben on sait pas trop où te mettre. 

si c'est ma jupe à moi
pour toujours qui t'attire

J'avoue. En ce moment, c'est pas mal les jupes de Maman qui m'attirent. Même si j'aime bien partir, j'aime bien aussi revenir...

c'est pas c'qu'on m'avait dit
j'étais pas préparée

Comment ça ? On prépare pas les parents à ça ? Tous les parents ne rêvent pas secrètement d'avoir un enfant handicapé ??

t'es a moi pour la vie

C'est ça... Pour la vie... Jamais je te laisserai !

le bon dieu s'est trompé

Parait que non... Parait qu'il fait rien sans raison... C'est pour ça que certains nous appellent "un don du ciel"...

et y a le diable qui rit
dans sa barbe de feu
et puis qui me punit
d'l'avoir prié un peu
pour que tu m'appartiennes
à la vie, à la mort
il t'a changé en teigne
il t'a jeté un sort
t'es mon enfant d'amour
t'es mon enfant spécial
un enfant pour toujours
un cadeau des étoiles
un enfant à jamais
un enfant anormal

Bon ça je vous le commente pas hein ? Vous avez saisi le sens global ? 

c'est ce que j’espérais
alors pourquoi j'ai mal

C'est bien le probème... Jamais contente ces mères ! Ça rêve de garder son gosse dans son giron, et quand ça arrive, ça pleure ! 

MAIS FAUDRAIT SAVOIR CE QUE VOUS VOULEZ !

j'aurais pas réussi
a me détacher de toi
le destin est gentil
tu n'e t'en iras pas

Jamais... Ou si mais dans d'atroces souffrances morales pour tes parents alors...

t'auras pas dix huit ans
de la même façon
que ceux que le temps rend
plus hommes que garçons

C'est pareil pour les filles... 18 ans, c'est pas la fête de folie... 

t'auras besoin de moi
mon éternel enfant
qui ne t'en iras pas
vivre en  appartement

Déjà que le foyer c'est pas gagné... 

ta jeunesse me suivra
jusque dans ma vieillesse

On en parle de ça ou bien ?

ton docteur a dit ça
c'était comme une promesse

T’en foutrais de la promesse moi…

moi qui avais tellement peur
de te voir m'échapper
voilà que ton petit coeur
me jure fidélité
toute ma vie durant
j'conserverai mes droit
mes tâches de maman
et tu m'appartiendras

Si c’est pas de la chance ça ! 

ceux que l'on met au monde
ne nous appartiennent pas
c'est ce que l'on nous montre
et c'est ce que l'on croit
c'est une belle histoire
que cette histoire là
mais voilà que surprise
mon enfant m'appartient

On nous aurait donc menti ?

tu te fous de ce que disent
les auteurs des bouquins
t'arrives et tu m'adores
et tu me fais confiance
de tout ton petit corps
de toute ta différence

C’est ça… Je crois bien que c’est ça le souci principal. Les mamans qui lisent et qui ont des bébés, vous voyez bien de quoi on parle ? Quand les bébés sont petits, les mamans ont toujours l’impression d’être les seules à « connaître » vraiment leur enfant et à « savoir » s’en occuper ? Ben avec nous c’est ça…

…Toute la vie.

j'serai pas là de passage
comme les autres parents
qui font dans le mariage
le deuil de leur enfant
j'aurais le privilège
de te border chaque soir
et certains jours de neige
de te mettre ton foulard
à l'âge où d'autres n'ont
que cette visite rare
qui vient et qui repart
par soirs de réveillon
tu seras le baton
de ma vieillesse précoce
en même temps que le boulet
qui drainera mes forces
tu ne connais que moi
et ton ami pierrot
que je te décris tout bas
quand tu vas faire dodo
et tu prends pour acquis
que je serais toujours là
pour t'apprendre cette vie
que tu n'apprendras pas

Ben oui je le prends pour acquis… C’est pour ça que je vis assez mal les visites d’établissement que Maman fait avec moi. Je sens bien qu’il se trame un truc pas trop net…

car ta vie s'est figée
mais la mienne passera
j'me surprends à souhaiter
que tu trépasses avant moi

Voilà… Quand Maman pense à sa vieillesse et à la mienne, elle se pose pas mal de questions. Elle a pas trop de réponses d’ailleurs. 

QUI s’occupera de moi quand ils ne seront plus là ? 

QUI ?

on ne peut pas t'admirer
autant que je t'admire
moi qui ai la fièrté
de te voir m'appartenir
j'voudrais pas qu'on t'insulte
et qu'on s'adresse a toi
comme à un pauvre adulte
parce qu'on t'connaîtrait pas

C’est pas partout, mais on sait bien que parfois dans les centres, c’est pas toujours rose… Et ça, Maman a un peu de mal à supporter qu’on me parle mal ou qu’on se moque de moi (elle, elle a le droit mais c’est pas pareil…)

si le diable s'arrange
pour que tu me survives
que dieu me change en ange
que je puisse te suivre

En même temps c’est une fausse bonne idée… Voir que ça se passe mal et ne rien pouvoir faire…

ceux que l'on met au monde
ne nous appartiennent pas
à moins de mettre au monde
un enfant comme toi
c'est une belle histoire
que celle qui est la notre
pourtant je donnerais ma vie
pour que tu sois comme les autres


Voilà ...  Allez ! Bonne journée !

Ou pas... 

P.S : Si vous voulez pleurer un peu :



 

J'aime (pas) les vacances !

On était encore partis en vacances...
Alors là je vous vois venir : Mais enfin Nouchette ! Tu en as de la chance de pouvoir partir en vacances aussi souvent que ça ! En plus tu nous avais dit que tu aimais ça ! Alors pourquoi dis-tu "encore" ?
Comment vous dire... Si j'étais pas handicapée, je dirai que concernant les vacances, j'ai tendance à être un peu ambivalente.
Mais vu que je suis handicapée, on va pas se mentir, je peux pas employer des mots comme ça... J'ai déjà du mal à dire correctement mon nom...
Donc voilà. J'aime bien les vacances.
Mais j'aime bien être chez moi.
L'idéal serait peut-être de pouvoir transporter ma maison sur le lieu de vacances. Plus de souci ! Je suis en vacances, mais je reste chez moi quand même ! (soyez pas étonnés, vous le savez maintenant qu'on est plusieurs dans ma tête...)
Paraît que c'est pas possible.
Alors du coup, ça me donne une bonne raison de râler quand on part en vacances...

Au départ ça s'est plutôt pas trop mal passé. Papa et Maman ont géré ça comme des chefs. Souvent, on a à peine le temps de sortir de l'école que hop ! on est déjà dans la voiture !
C'est toujours un peu précipité, alors tout le monde est un peu tendu du slip et du coup ça me stresse et je m'énerve...
Là, non. On s'est reposés tranquillement à la maison samedi, et on est partis chez mon Papi tranquillement dimanche.
Lundi matin tôt, on est tous montés dans la voiture pour aller à l'aéroport. J'ai été super là-bas. J'ai même pas fait une colère au passage de la douane et j'ai même pas sonné. A l'époque où j'avais le corset, c'était plutôt drôle ce passage... Je sonnais à tous les coups, les agents voulaient me l'enlever, ça faisait rire Papa et Maman qui leur disaient qu'ils n'avaient qu'à l'enlever eux-mêmes et en général on passait sans trop de souci. Ils auraient pu passer tout ce qu'ils voulaient grâce à moi !

Ensuite, dans l'avion, ça se passe toujours plutôt pas mal. A l'aller c'était un vol de jour, donc y a moins de souci.
Le seul souci, c'est la durée... 8h30... C'est un peu long parce qu'à l'arrivée, il est 20h chez nous. Et que, normalement, je suis couchée depuis 19h30. Là, je suis pas couchée, j'arrive dans un endroit que je connais pas, il fait chaud, il faut attendre la valise...
Bref, vous l'aurez compris, le problème du voyage en avion, c'est pas le voyage, c'est l'arrivée...
Alors Maman, comme elle a tendance à pas mal stresser avant, elle s'est dit que ce serait pas mal si je pouvais dormir dans l'avion.
Faire une petite siestoune quoi !
Ouais... Sauf que la sieste, chez moi, dans mon lit l'après-midi, ok.
La sieste dans l'avion, avec les lumières, le bruit, et les gens tout autour, bof.
Alors pour m'aider, elle s'est dit qu'elle allait essayer de me donner un petit truc. Vu que j'en avais déjà pris y a pas trop longtemps, elle s'est dit que ça m'aiderait sûrement à dormir !
Mouhahaha !
Elle m'a donné le truc juste à la fin du repas. Donc au moment de la sieste normalement...
J'ai commencé à sentir que mes paupières devenaient lourdes... Très lourdes...
Et puis je me suis dit que ce serait vraiment trop con de dormir alors que je pouvais faire chier Maman !
Alors j'ai lutté ! Mais du genre pas de la lutte de poids plume ! Du genre grosse bataille !
Résultat : Nouchette 1 - Seresta 0
J'ai pas dormi.
C'est qui le chef ??
Je crois que Maman a pas dormi non plus... Je la voyais qui me surveillait du coin de l’œil...

Bon. Faut avouer quand même qu'à l'arrivée, l'avantage, c'est que j'étais pas trop mal détendue.
Alors, à l'aéroport,  ça s'est super bien passé. J'ai même bien voulu m'asseoir avec Maman en attendant ma valise.

Sur place, on a pas fait grand-chose. Avec moi, il est pas tellement question d'aller au sommet de la Soufrière ou de faire de la plongée... Je tolère la plage. Et encore...Faut pas m'emmener deux jours de suite sur une plage et vouloir changer après.
Ils ont essayé... Le 3ème jour, ils ont changé de route pour aller sur une autre plage. Je te dis pas le scandale que j'ai fait dans la voiture... J'ai crié, mordu, griffé... Maman a mis plus de 5 minutes pour me calmer.
J'aime pas qu'on me change mes habitudes... Ils le savent pourtant !

Sinon j'ai fait un truc chouette ! Du scooter !
Pas toute seule hein... Derrière Papa.
Il a juste fallu mettre une grue m'aider pour monter et après je me suis tenue super bien à Papa. J'ai adoré ! Le seul truc, c'est qu'avant de faire du scooter, il a fallu faire un peu de bateau. Mais j'ai même pas été malade !
Un jour je vous raconterai la fois où on avait fait du bateau et où j'avais été malade et Papa et Blondie aussi. Maman avait passé 1 heure à tenir un sac dans chaque main pour Blondie et moi...

Sur la plage, je suis surtout restée à l'ombre avec Papa que j'ai pas mal emmerdé taquiné. Surtout quand il allait se baigner et qu'il voulait m'emmener. Je râle pour ne pas aller dans l'eau et une fois que j'y suis, je râle pour ne pas en sortir...
Mais il faut bien que je me baigne de temps en temps parce qu'il y a pas de toilettes sur les plages là-bas... Alors quand je commence à me lever sur la plage en gueulant pipi ! pipi ! faut me pousser rapidement dans l'eau... Sinon, ça se termine sur le paréo et Maman est pas trop fan.

Voilà... Les vacances se sont passées tranquillement.
Tous les jours, je sortais ma blague : On rentre ? On rentre à LaMaison ? Genre ça suffit comme ça, on peut rentrer chez nous maintenant...

Le retour a été un peu chaotique jusqu'à la montée dans l'avion. Toujours ce stress du départ que je sais pas trop bien gérer. D'autant que mon Papi et ma BelleMamie sont restés là-bas alors j'ai eu un peu de mal à comprendre pourquoi ils nous accompagnaient à l"aéroport et pourquoi ils ne venaient pas avec nous.
J'ai même dormi au retour. Il faut dire que Maman avait retenté le Seresta. Et là, la nuit aidant (il était 20h quand on a décollé), j'ai pas trop fait ma maligne ! Sitôt le repas terminé, j'ai senti que j'aurais beau résister tout ce que je voulais, le match était perdu d'avance...

Le truc assez incroyable, c'est le décalage horaire. Aucun souci pour moi. Je me suis recalée comme une chef dès le retour sans me poser de questions !

Depuis que je suis repartie au centre, tous les soirs, quand Maman me récupère au car, je dis Bonnes vacances au chauffeur et à l'accompagnatrice.
Cherchez pas à comprendre... J'ai hâte de partir en vacances, et quand j'y suis, j'ai hâte de rentrer... Si vous avez une explication rationnelle, je vous fais un câlin...

Ou pas...