vendredi 29 mars 2013

C'est chouette les mamies !

Je ne vous ai pas encore parlé de mes grands-mères ? C'est dommage parce que c'est bien les grands-mères.
Alors comme tout le monde, j'ai deux grands-mères. Jusque là, rien d'extraordinaire !
Bon. En fait la première, la maman de mon papa, elle est un petit peu morte. Mais y a longtemps ! J'étais même pas née. Alors je l'ai pas connue. Donc je dis même pas "Mamie, elle est au ciel"...

La deuxième, la maman de ma maman, elle est pas morte mais on la voit pas beaucoup. On la voit même jamais en fait... Et ça fait... Pffff.... Ben ça fait drôlement longtemps ! Elles se parlent plus avec ma maman.
Je crois juste que maman lui donne de l'argent tous les mois et c'est tout !

Ça a jamais été très simple entre maman et mamie. Mamie a toujours dit à maman qu'elle avait commencé à faire une dépression à sa naissance... En gros ça veut dire : "ma chérie, depuis que tu es née, la vie est tellement terrible que je suis dépressive..."

Après, papi et mamie ont divorcé. C'était quand maman était petite alors c'était y a très longtemps ! Mais ça s'est pas bien passé du tout. Mamie a raconté des trucs moches sur papi et du coup, maman et tata ont refusé de voir leur papa pendant plus de trois ans !
Mamie faisait toujours des dépressions. Elle a fait plusieurs tentatives de suicides aussi. Maman sortait du collège, et la directrice venait la chercher en lui disant que sa maman était à l'hôpital...
Ou alors, mamie racontait à table la manière dont elle allait s'y prendre pour se suicider !
Après, elle faisait des longs séjours dans des maisons de repos et c'était la grand-mère de maman et tata qui venait les garder.

Un jour quand elle a eu 15 ans, maman a dit à mamie qu'elle partait vivre avec son papa.
Mamie l'a pas très bien vécu...
Après, ça a toujours été en dents de scie... Maman s'énervait après mamie, coupait les ponts pendant un moment et revenait la voir parce qu'elle se disait que c'était quand même sa maman...
Mamie disait toujours des trucs gentils à maman :
"Ton père est un con.... Tiens ! Quand tu fais ça, tu ressembles à ton père !"
"On ne se rend pas compte à quel point c'est difficile pour une grand-mère d'avoir un petit enfant handicapé"
"Non Blondie, tous ces morts avec le tsunami, ce n'est pas grave... on ne les connaît pas"

Quand maman était à l'hôpital, mamie est venue la voir en pleurant parce qu'elle venait de se disputer avec une amie. C'est vrai qu'à ce moment, maman était en pleine forme et avait une pêche d'enfer !
En fait, dès que mamie n'allait pas bien (et c'était assez souvent), elle venait faire ch chez nous.

Il y a 8 ans au téléphone, mamie et maman ont eu une vraie dispute. Encore plus longue et plus forte que d'habitude.
Mamie a dit à maman qu'elle était tellement méchante que c'était pour ça qu'elle avait une enfant handicapée.
Maman a raccroché en disant qu'elle pensait qu'elles n'avaient plus rien à se dire maintenant.

Mamie a bien essayé après de se faire pardonner. Elle a envoyé une longue lettre à maman en disant qu'elle s'excusait mais que quand même... maman avait tendu le bâton pour se faire battre...

Ensuite, il y a eu l'histoire du tribunal... Après le divorce, comme mamie était toujours en dépression, elle a jamais beaucoup travaillé... Du coup, quand elle s'est retrouvée à la retraite, et ben elle ne gagnait pas assez d'argent. Alors mamie, tata et maman sont allées voir une juge qui a condamné tata et maman à verser une pension alimentaire à mamie.

Maintenant, quand maman voit mamie, elle lui dit "bonjour" ; mais ça s'arrête là.
Maman dit qu'elle est plus heureuse maintenant et que c'est surtout moins compliqué...
Elle est pas sûre que ce soit le bon choix, mais pour le moment, c'est le sien.
Elle est pas sûre de pas regretter un jour... mais pour le moment, ça va comme ça.

Dès fois, quand les gens lui disent : "c'est quand même ta mère" ; elle répond qu'une mère ne devrait pas dire des choses comme ça à ses enfants...

Pour Blondie et moi, c'est plus embêtant parce qu'on a plus de mamie du coup...
Heureusement, mon papi (le papa de maman) il est marié avec une dame qui est comme une mamie pour nous.
Et puis on sait jamais... Peut-être qu'un jour maman prendra le téléphone et appellera mamie pour l'inviter à la maison...

Ou pas...




samedi 16 mars 2013

Politiquement incorrect...

Quand t'as un enfant handicapé, tu peux te plaindre tout le temps.
Quand t'as un enfant handicapé, tu prends le train gratos avec lui.

Quand t'as un enfant handicapé, tu peux faire des murs de séparation dans la maison avec les couches sales.

Quand t'as un enfant handicapé, t'as une excuse pour pas aller bosser.

Quand t'as un enfant handicapé, même si tu mets un sac poubelle comme robe, il te trouve belle.

Quand t'as un enfant handicapé, tu fais des économies sur son permis de conduire.

Quand t'as un enfant handicapé, tu peux lui faire rater l'école, ça va pas lui faire rater le bac.
Quand t'as un enfant handicapé, t'as 1/2 part supplémentaire aux impôts.
Quand t'as un enfant handicapé, tu l'engueules pas parce qu'il explose son forfait.
Quand t'as un enfant handicapé, tu maîtrises la pose de la couche d'une main.
Quand t'as un enfant handicapé, t'es pas obligé d'avoir ses copains le week-end.
Quand t'as un enfant handicapé, tu peux lui couper les cheveux toi-même. 
Quand t'as un enfant handicapé, tu peux lui faire croire que la coupe au bol c'est très tendance.

Quand t'as un enfant handicapé, tu peux lui faire écouter André Rieu, ça le dérange pas.

Quand t'as un enfant handicapé, il est toujours content de te voir.

Quand t'as un enfant handicapé, tu gagnes à la course.
Quand t'as un enfant handicapé, tu peux l'habiller n'importe comment, il s'en fout.

Quand t'as un enfant handicapé, tu peux faire plein de blagues sur lui, il ne se vexe pas.

Quand t'as un enfant handicapé, t'es pas obligé d'être concentré quand il te parle. De toutes façons, y a rien à comprendre.

Quand t'as un enfant handicapé, tu joues à la poupée toute ta vie. Enfin toute la sienne plutôt.
Quand t'as un enfant handicapé, tu fais pas la queue chez Mickey.
Quand t'as un enfant handicapé, tu peux jouer à des jeux de société avec lui, tu gagnes tout le temps.

Quand t'as un enfant handicapé, tu peux te garer où tu veux sans payer.

Quand t'as un enfant handicapé, tu peux lui filer à manger tout ce que tu n'aimes pas.
Quand t'as un enfant handicapé, tu touches plein d'allocs alors tu deviens riche.
Quand t'as un enfant handicapé, t'as pas à aller le chercher au lycée. On affrète un car juste pour lui et ses copains.
Quand t'as un enfant handicapé, t'apprends que parfois les dons du ciel sont merdeux.
Quand t'as un enfant handicapé, tu peux faire la grasse matinée. Suffit de l'oublier dans le lit.
Quand t'as un enfant handicapé, tu fais pas la queue aux caisses des supermarchés.
Quand t'as un enfant handicapé, tu assures le spectacle gratuitement dans la rue.
Quand t'as un enfant handicapé, tu peux lui faire répéter toutes les conneries qui te passent par la tête. Et il en passe beaucoup.
Quand t'as un enfant handicapé, t'as une vie tout à fait normale....


.... Ou pas...

dimanche 3 mars 2013

J'ai besoin de ma camisole...

Bien... Faut que je vous avoue quelque chose... J'ai pas été super super gentille ces derniers temps...
En fait, ça a commencé quand maman est partie (voir ). J'étais comme qui dirait un peu tendue...
En plus j'étais un peu malade (même que je suis pas allée au centre pendant 2 jours).
Du coup, quand on est malade, on est fatigué et quand on est fatigué, on est énervé...
Bref...
Samedi dernier, on est partis en vacances tous les 4.
En train.
Alors au départ, j'ai trouvé ça marrant le train, le pique-nique, toussa toussa...
Et puis quand on est descendus à Paris, j'ai cru qu'on était arrivés.
Oui mais non.
On a marché dans les couloirs de la gare. Y avait un petit peu de monde.
Et moi, pour montrer que ça ne me plaisait pas trop, j'ai commencé à gueul m'exprimer à voix haute.
Genre très haute...
Genre qui fait se retourner tout le monde dans les couloirs.
Genre que si Bondie elle avait des mitraillettes dans les yeux, y aurait eu une extermination de parisiens en bonne et due forme.
Maman tirait une valise, Blondie une autre et Papa essayait tant bien que mal de me faire avancer pour pas louper l'autre train...
C'était drôle...
Je voyais pas bien où ils voulaient en venir...
Et quand je vois pas ce qu'on va faire, et ben j'aime pas.
Il a fallu marcher... prendre des escalators, des escaliers, des ascenseurs, des couloirs... Monter dans un métro, remarcher, reprendre des escaliers... C'était long. Très long. Trop long !!!
On est quand même arrivés dans la 2ème gare et on est montés dans le 2ème train. Là ça a été. J'aime bien le train. Je suis sage dans le train.
Ensuite, on est arrivés à Avignon et le tonton de Maman est venus nous chercher.
Je connais bien là-bas. On y est souvent allés en vacances.

En début de semaine ça s'est pas trop mal passé. On allait chez les uns ou les autres. Maman a fait pas mal de rangement dans la maison de sa cousine...
Et puis un jour, ils ont décidé qu'on allait se promener. Voir les dentelles de Montmirail. Tout un programme...
L'oncle et la tante de Maman sont arrivés le matin. On emmenait mon petit cousin aussi. Il fallait donc deux voitures.
Avant de monter dans la voiture, quelqu'un a demandé à Blondie d'aller jeter la poubelle. Sauf que du coup, je la voyais plus Blondie...
Je vous ai déjà dit que les départs me stressaient ? Alors les départs quand il manque un des miens, et ben c'est pire.
J'ai cru qu'elle allait pas venir alors je me suis mise à crier. Fort.
Et après c'était trop tard.
Elle est revenue. Elle est montée dans la voiture. Mais c'était trop tard.
J'étais très très énervée.
Et dans ces cas-là, je gère plus rien.
J'attrape, je pince, je griffe, je mords, je tire, je crie... tout ce qui est à ma portée y passe...
Alors mon cousin et Blondie sont montés dans l'autre voiture parce que je leur faisais peur...
Du coup, ça a été pire.
Papa et Maman ont mis 30 minutes pour faire 5 km... Maman pleurait et essayait de me calmer et Papa essayait de conduire.
Maman a même dit qu'elle ne voulait plus aller se promener et qu'elle voulait rentrer...
Elle aime pas trop qu'on la voit pleurer Maman.
Mais ils ont continué quand même parce que c'était pas sympa pour Blondie et pour la famille...
J'ai mis très longtemps à me calmer. Et même après, j'étais pas complètement calmée.
On est quand même allés se promener à Gigondas et à Vaison-la-Romaine. Mais vraiment pas longtemps parce que je faisais chier tout le monde je traînais derrière.
Je crois qu'ils ont pas passé une très bonne journée. Faut dire que moi non plus... Je suis pas très bien quand je suis comme ça. J'arrive vraiment pas à me contrôler.

Avec tout ça, il y a une chose que j'ai oublié de vous dire...
Il y a environ 2 mois, un matin, Maman sort en courant au moment où je partais à l'école avec Papa. Elle avait 1/2 comprimé de Risperdal à la main. Elle craignait que Papa ait oublié de me le donner.
Papa lui a dit que c'était bon, qu'il avait pas oublié.
Et là, Maman a compris que Papa était en train de diminuer les doses de Risperdal (souvenez-vous)

Au début, ça a été pas trop mal. Ils m'en donnaient la moitié et ça se passait plutôt bien. Et puis ils ont arrêté complètement il y a une quinzaine de jours.
Mais en fait, ils se sont rendus compte pendant les vacances que c'était pas possible.
Si tout va bien, si je ne suis pas fatiguée, s'il n'y a pas d'éléments perturbateurs dans ma vie, si je ne suis pas malade, si personne ne meurt dans la famille, bref... si on vit dans le monde des Bisounours... j'en ai pas besoin. Ou plutôt, je peux m'en passer...
Mais en fait, cette vie là, elle existe pas... Et dès qu'un grain de sable arrive dans mon univers, c'est le drame...
Alors ils ont décidé de reprendre le traitement. Parce qu'en y réfléchissant, ils se sont rendus compte que j'avais fait plus de crises en un mois que je n'en avais fait en 4 ans de traitement.
Maman elle a dit qu'elle ne pourrait plus supporter ça. Alors ils m'ont redonné le Risperdal.
Tant mieux.
Je me sens mieux quand je l'ai. Je le reprends depuis 4 jours maintenant. Je suis de nouveau plus calme.

Papa et Maman disent qu'au moins, ils sont sûrs que j'en ai besoin maintenant. D'avoir essayé d'arrêter leur a montré que ça ne servait pas à rien.

Après, on pourra toujours dire que l'arrêt n'est pas tombé au bon moment... Mais c'est même pas sûr. Même s'il n'y a pas toujours des périodes aussi difficiles dans la famille, il y a toujours de périodes ou je suis fatiguée...

En tous cas, je suis contente d'avoir retrouvé ma camisole chimique. Elle me protège, elle me rassure, elle me fait du bien.
Et c'est promis. Je ne ferai plus de crises...

Ou pas...