jeudi 13 décembre 2012

Mon Risperdal et moi

J'étais plutôt un bébé calme et souriant. J'ai fait mes nuits à 3 mois et je n'ai pas posé "trop" de problèmes à mes parents.
Juste une petite intolérance au lait de vache à l'arrêt de l'allaitement et des vomissements à chaque repas...
Mais au niveau du comportement, j'étais plutôt cool.

... Jusqu'à 4 ans.
Je ne sais pas si c'est l'arrivée de ma petite sœur ou si j'ai commencé à vouloir me faire entendre, mais j'ai changé.
J'ai commencé à faire des colères. Plus ou moins fortes, mais souvent plus que moins...
Je faisais des colères pour tout.
Pour me couper les ongles, pour me sécher les cheveux, pour m'habiller, pour mettre ma couche, pour monter dans la voiture...

Jusqu'à mes 7 ou 8 ans, maman arrivait quand même à me sortir parce que je voulais encore bien aller dans la poussette, mais après, j'étais devenue trop grande, et surtout, je ne voulais plus.

Donc, il n'a plus été question de m'emmener nulle part. Ni en ville pour faire les boutiques, ni pour faire les courses dans une grande surface, ni pour me promener...
Les seuls endroits où j'acceptais d'aller à peu près calmement étaient le cinéma et la piscine.
Ça limite...
Mais Papa et Maman en avaient pris leur parti. On ne sortait jamais en famille. Sauf pour aller chez quelqu'un. Et encore, pas le soir...


Je m'en prenais aux plus petits aussi. Je n'étais pourtant pas bien grande, mais j'arrivais à choper ce qui passait autour de moi et à serrer avec mes petits doigts qui devenaient des pinces...

Ah j'en ai fait pleurer des enfants !!!
Au début, je ne m'en prenais qu'aux petits. Et à ma soeur bien sûr... Elle s'est retrouvée plus d'une fois avec des marques de griffure dans le cou. Comme quoi, un bébé c'est solide quand même...
Mais plus les années ont passé, et plus je m'enhardissais. Je m'attaquais à tout le monde. Les enfants qui ne me connaissaient pas avaient peur de moi...
On se demande bien pourquoi...
 
A l'école, je me tenais à peu près tranquille.
Mais un jour, vers 12 ans, j'ai commencé à faire le bazar aussi à l'école. A attaquer les autres enfants, à les pincer, à les mordre...
Bon. En même temps, on est dans un IME aussi... On a tous par nature des comportements plus ou moins normaux...
Mais ça commençait à devenir difficilement gérable pour les éducateurs.
Ils essayaient de rassurer Papa et Maman comme ils pouvaient... Mais ils voyaient bien que ça devenait de plus en plus difficile.
Quand j'ai commencé à m'attaquer aux éducateurs, là, ça a été le drame.
La directrice du centre a convoqué Papa et Maman avec la psychiatre et la psychologue. Elles ont dit qu'il fallait absolument me donner un traitement.
J'avais déjà pris de la Ritaline quand j'étais plus petite, mais ça n'avait rien fait.
Alors Papa et Maman étaient un peu sceptiques...
Mais la directrice leur a fait comprendre que s'ils refusaient de me donner un traitement, je ne pourrai plus venir à l'école.
Les places sont chères en IME... Alors quand on en tient une, on la lâche pas comme ça...
Maman a dit qu'on avait pas trop le choix. Que même à la maison, ça pourrait être mieux...
Alors ils m'ont donnée du Risperdal. C'est fort le Risperdal. Ça fait bien dormir aussi...
Ça fait 3 ans maintenant que j'en prends. La 1ère année, le résultat n'a pas été flagrant. Ou juste au niveau de la fatigabilité alors...
Mais je continuais à faire des colères et à être assez violente. Mes colères étaient certes plus rares, mais quand elles arrivaient, il fallait se mettre aux abris...

Et puis il y a 2 ans, j'ai eu une pneumonie. 41° pendant 10 jours. Je dormais 20 heures par jour. Et là, Papa et Maman se sont dits que si j'avais attrapé ça, c'est que je devais être un peu faible et fatiguée.
Alors depuis, ils font très attention à mon sommeil. Je fais la sieste le mercredi et le week-end, et tous les après-midis pendant les vacances.
Depuis, je suis beaucoup plus calme. Mes colères sont très rares. Elles arrivent quand j'ai eu un week-end fatigant. Mais du coup, lorsque ça arrive, Maman n'hésite pas à me coucher.
Depuis 2 ans, la vie à la maison est devenue beaucoup plus agréable pour tout le monde. Même pour moi...

En fait, on est même plus sûrs maintenant que le Risperdal soit vraiment indispensable... Il faudrait essayer d'arrêter pour voir. Mais Maman a peur.
Peur que je redevienne comme avant.
Alors elle préfère que je continue à le prendre. Après tout, quand on regarde les indications et les effets secondaires du Risperdal, ça rassure quand même...

Ou pas...

1 commentaire:

  1. ce billet m'émeut, ça me fait penser à tout ces petits que l'on met sous traitement alors que ce ne sont pas eux les plus dangereux. On a des scrupules à leur donner et parfois on constate qu'au final c'est plus profitable pour eux, qu'ils peuvent être plus épanouis dans leurs activités...
    Vous avez bien du courage !

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